Agroforesteries vernaculaires
Nous habitons aujourd’hui entre deux rives. Celle de la nature
transformée par la technique, qui a éradiqué les forêts sauvages
pour produire toujours plus et plus vite. En face, comme une image
inversée, la rive de la nature “naturelle”, que nous nous
évertuons à protéger avec un effort proportionnel à celui que
nous déployons pour la transformer. Contrairement à ce que l’on
croit, ces deux rives ne s'opposent pas, mais relèvent du même mode
de pensée. Notre propension à conserver n’est que le négatif de
notre avidité à produire et à consommer.
Les agriculteurs du monde nous montrent qu'il existe d’autres
façons d'envisager le rapport entre production et conservation. Les
combinaisons multiples entre leurs arbres, leurs champs et leurs
forêts constituent un véritable patrimoine agroforestier, qui
révèle d’autres formes de relation entre forêt et agriculture.
De l’agroforêt indonésienne à l’arganeraie marocaine ou à
la châtaigneraie corse, apparaît en filigrane un modèle général,
qu’on peut qualifier de “forêt domestique”. Il n’oppose pas
le blé à l’arbre, la rentabilité à la diversité, la
compétitivité au partage.
Penser une partie du monde à la lumière de ce lien étroit entre
l’homme et la nature permettrait de sortir de l’obsession de la
production pour prendre en compte la qualité de vie et la
préservation de la diversité biologique et culturelle.
La forêt domestique
nous invite aussi à repenser un développement qui n’essaierait
plus d'imposer des modèles universels mais aiderait les sociétés
qui le souhaitent à maintenir ou à reconstruire leurs systèmes
selon leurs propres logiques.
Éthnobotaniste et directrice de recherche à l’Institut de
recherche pour le développement (IRD), Geneviève Michon est
spécialiste des relations des sociétés à la forêt. Au cours de
ses séjours à l'étranger, elle s’est plus particulièrement
intéressée à la façon dont les agriculteurs du monde intègrent
l'arbre et la forêt à leurs cultures, et aux
Nous habitons aujourd’hui entre deux rives. Celle de la nature transformée par la technique, qui a éradiqué les forêts sauvages pour produire toujours plus et plus vite. En face, comme une image inversée, la rive de la nature “naturelle”, que nous nous évertuons à protéger avec un effort proportionnel à celui que nous déployons pour la transformer. Contrairement à ce que l’on croit, ces deux rives ne s'opposent pas, mais relèvent du même mode de pensée. Notre propension à conserver n’est que le négatif de notre avidité à produire et à consommer.
Les agriculteurs du monde nous montrent qu'il existe d’autres façons d'envisager le rapport entre production et conservation. Les combinaisons multiples entre leurs arbres, leurs champs et leurs forêts constituent un véritable patrimoine agroforestier, qui révèle d’autres formes de relation entre forêt et agriculture.
De l’agroforêt indonésienne à l’arganeraie marocaine ou à la châtaigneraie corse, apparaît en filigrane un modèle général, qu’on peut qualifier de “forêt domestique”. Il n’oppose pas le blé à l’arbre, la rentabilité à la diversité, la compétitivité au partage.
Penser une partie du monde à la lumière de ce lien étroit entre l’homme et la nature permettrait de sortir de l’obsession de la production pour prendre en compte la qualité de vie et la préservation de la diversité biologique et culturelle.
La forêt domestique nous invite aussi à repenser un développement qui n’essaierait plus d'imposer des modèles universels mais aiderait les sociétés qui le souhaitent à maintenir ou à reconstruire leurs systèmes selon leurs propres logiques.
Éthnobotaniste et directrice de recherche à l’Institut de recherche pour le développement (IRD), Geneviève Michon est spécialiste des relations des sociétés à la forêt. Au cours de ses séjours à l'étranger, elle s’est plus particulièrement intéressée à la façon dont les agriculteurs du monde intègrent l'arbre et la forêt à leurs cultures, et aux
Agriculteurs à l'ombre des Forêts du monde
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